Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
SCÈNE VI.

Patrocle paraît à l’entrée de la tente d’Achille.
PATROCLE.

Qui est là ? Thersite ! mon bon Thersite, entre et viens insulter.

THERSITE.

Si j’avais pu me rappeler un pantin doré, tu n’aurais pas échappé à mon attention. Mais cela peut se réparer… Je te souhaite toi-même à toi-même ! Que ces fléaux vulgaires de l’humanité, folie et ignorance, soient ton vaste apanage ! que le ciel te préserve d’un conseiller, et que jamais la discipline ne t’approche ! que ton tempérament soit ton guide jusqu’à ta mort ! Et, si alors celle qui te mettra dans le linceul dit que tu es un beau cadavre, je veux jurer et jurer encore qu’elle n’a jamais enseveli que des pestiférés ! Amen ! où est Achille ?

PATROCLE.

Ah cà ! est-ce que tu es dévot ? Tu faisais donc ta prière ?

THERSITE.

Oui, que les cieux m’entendent !

Achille paraît à l’entrée de sa tente.
ACHILLE, à Patrocle.

Qui est là ?

PATROCLE.

Thersite, monseigneur.

ACHILLE.

Où est-il ? où est-il ?

Il aperçoit Thersite et s’avance vers lui.

C’est donc toi ! mon fromage, mon digestif, pourquoi ne t’es-tu pas servi à ma table tous ces repas-ci ? Allons ! qu’est-ce qu’Agamemnon !