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SCÈNE II.
— qu’après l’avoir pourfendu du nombril à la mâchoire — et avoir fixé sa tête sur nos créneaux.
DUNCAN.

— Ô vaillant cousin ! digne gentilhomme !

LE SOLDAT.

— De même que, souvent, au point d’où partent les rayons du soleil, — surgissent des tempêtes grosses de naufrages et d’effrayants tonnerres, — ainsi de ce qui semblait être une source de joie — jaillissent les alarmes. Écoutez, roi d’Écosse, écoutez : — À peine la justice, armée de la valeur, avait-elle — forcé les Kernes bondissants à se fier à leurs talons, — qu’épiant l’occasion, le lord de Norwége, — avec des armes fraîchement fourbies et de nouveaux renforts, — a commencé un autre assaut.

DUNCAN.

Cela n’a-t-il pas effrayé — nos capitaines, Macbeth et Banquo ?

LE SOLDAT.

Oui, — comme le moineau effraie l’aigle, ou le lièvre le lion. — Pour dire vrai, je dois déclarer qu’ils étaient — comme deux canons chargés à double mitraille, — tant ils frappaient sur l’ennemi à coups redoublés ! — Voulaient-ils se baigner dans des blessures fumantes — ou immortaliser un second Golgotha ? — je ne puis le dire. — Mais je suis épuisé : mes plaies crient au secours !

DUNCAN.

— Tes paroles te vont aussi bien que tes blessures : — elles sentent également l’honneur. Allez, qu’on lui donne des chirurgiens.

Le soldat sort, s’appuyant sur des aides.

— Qui vient ici ?