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auprès de lui, mais il les remerciait de leur dévouement et de leur amour, tout en les priant de les reporter vers le prince sous lequel il était et serait toujours content de vivre.

» Sur cette réponse, le duc de Buckingham, ayant obtenu la permission du Protecteur, s’entretint quelques instants à voix basse avec les nobles qui l’entouraient, ainsi qu’avec le maire et le recorder de Londres. Après quoi, il déclara à voix haute au Protecteur, pour conclusion finale, que le pays était résolu à ne plus laisser régner sur lui la liguée d’Édouard, et qu’ils s’étaient tous avancés trop loin pour qu’il y eût sécurité à reculer… En conséquence, s’il plaisait au prince de prendre la couronne, ils le suppliaient de le faire ; si, ce qu’à Dieu ne plût, il s’y refusait absolument, alors ils seraient obligés de chercher, et ils ne manqueraient pas de trouver quelque autre grand seigneur qui y consentirait.

» Ces paroles émurent beaucoup le Protecteur, qui, ainsi que tout homme de quelque intelligence doit le penser, répugnait fort à une pareille solution. Quand il vit que la couronne serait perdue pour les siens comme pour lui, s’il ne la prenait pas, il dit aux lords et aux Communes : « Puisque, à notre grand regret, le royaume tout entier est décidé à ne plus se laisser gouverner par la liguée du roi Édouard, et que nul être terrestre ne peut le gouverner contre sa volonté ; puisque, d’autre part, nous reconnaissons avoir plus de droits que tout autre à la couronne, étant l’héritier légitime engendré du corps de notre très-redouté et très-cher père, feu Richard, duc d’York, et étant, en outre, élu par vous, les nobles et les Communes du royaume, — titre que nous tenons pour le plus puissant de tous, — nous nous résignons et nous consentons de bonne grâce à accéder à votre requête, et conséquemment