Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.
368
RICHARD III.

HASTINGS.

— Sa grâce paraît joyeuse et bien disposée ce matin. — Il faut que milord ait en tête une idée qui lui plaît, — pour nous avoir dit bonjour d’un air si enjoué. — Je crois qu’il n’y a jamais eu dans toute la chrétienté — un homme qui puisse moins que lui cacher ses affections ou ses haines. — Par sa figure, vous connaîtrez tout de suite son cœur.

STANLEY.

— Et qu’avez-vous jugé de son cœur, — d’après la mine qu’il a montrée ce matin ?

HASTINGS.

— Morbleu ! ceci : qu’il n’en veut à personne ici ; — car, si cela était, il l’aurait montré dans ses regards.

Rentrent Richard et Buckingham.
RICHARD.

— Je vous le demande à tous : dites-moi ce que méritent — ceux qui conspirent ma mort par les pratiques diaboliques — d’une sorcellerie damnée, et qui ont soumis — mon corps à leurs charmes infernaux ?

HASTINGS.

— La tendre affection que je porte à votre grâce, milord, — m’enhardit le premier, dans cette noble assemblée, — à prononcer la condamnation des coupables : quels qu’ils soient, — je dis, milord, qu’ils ont mérité la mort.

RICHARD, montrant son bras gauche mis à nu.

— Eh bien, que vos yeux soient témoins du mal qu’on m’a fait. — Voyez comme je suis ensorcelé : regardez, mon bras — est desséché comme un rameau flétri ! — C’est la femme d’Édouard, cette monstrueuse sorcière, — et sa complice, cette garce, cette catin de Shore, — qui m’ont ainsi marqué de leurs sortiléges !