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SCÈNE VI.
couronner : il est pour vous la consolation vivante. — Noyez votre désespoir dans le tombeau d’Édouard mort, — et arborez votre joie sur le trône d’Édouard vivant (53).
Entrent Richard, Buckingham, Stanley, Hastings, Ratcliff et autres.
RICHARD, à Élisabeth.

— Consolez-vous, ma sœur : nous avons tous sujet — de pleurer l’astre rayonnant qui vient de s’obscurcir ; — mais nul ne peut réparer ses pertes par des pleurs.

À la duchesse d’York.

— Madame ma mère, je vous demande bien pardon, — je n’avais pas vu votre grâce… J’implore humblement — à vos genoux votre bénédiction.

LA DUCHESSE.

— Que Dieu te bénisse et mette dans ton cœur la douceur, — l’amour, la charité, l’obéissance et la fidélité au devoir !

RICHARD, à part.

Amen ! Et qu’il me fasse mourir vieux bonhomme ! — C’est la conclusion de toute bénédiction maternelle. — Je m’étonne que sa grâce l’ait oubliée.

BUCKINGHAM.

— Vous, sombres princes, et vous, pairs au cœur attristé, — qui portez le poids accablant de la douleur commune, — soutenez-vous mutuellement par un mutuel amour. — Si avec ce roi nous perdons une moisson, — son fils nous en offre une autre. — Puisque la rancune qui enflait vos cœurs — en a été arrachée, puisque toutes tes fractures ont été rejointes, — préservons bien doucement, maintenons avec amour cette union récente ! — Il serait bon, ce me semble, d’en-