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SCÈNE III.
avocat zélé ! — Milord, vous me faites une injure outrageante, — en me comprenant dans tous ces vils soupçons !
RICHARD.

— Pouvez-vous nier que vous ayez été la cause — du récent emprisonnement de milord Hastings ?

RIVERS.

— Elle le peut, milord, car…

RICHARD.

— Elle le peut, lord Rivers ? Eh ! qui l’ignore ? — Elle peut faire mieux que nier cela : — elle peut vous pousser à plus d’une haute fonction, — et puis nier que sa main vous aide, — et attribuer tous ces honneurs à votre grand mérite. — Ne le peut-elle pas ? Elle en serait bien marrie !

RIVERS.

— Marrie de quoi ?

RICHARD.

— À coup sûr, ce n’est pas d’avoir un roi pour mari. — Un joli garçon, un beau parti, après tout. — Je crois que votre grand’mère a fait un plus mauvais mariage.

ÉLISABETH.

— Milord de Glocester, j’ai supporté trop longtemps — vos brusques reproches et vos amères railleries. — Par le ciel, j’informerai sa majesté — de ces grossiers outrages que j’ai maintes fois endurés. — J’aimerais mieux être une servante de village — que d’être une grande reine à cette condition — d’être ainsi harcelée, outragée, assaillie. — Je trouve peu de joie à être reine d’Angleterre.

La reine Marguerite entre au fond du théâtre et s’y arrête, sans être aperçue.
MARGUERITE, à part.

— Et puisse ce peu de joie être diminué encore, mon