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RICHARD III.
cette main qui, par amour pour toi, a tué ton amant, — tuera, par amour pour toi, un plus tendre amant ; — tu seras complice de ce double meurtre.
LADY ANNE.

— Que je voudrais connaître ton cœur !

RICHARD.

Il est représenté par — ma langue.

LADY ANNE.

L’un et l’autre sont faux, j’en ai peur.

RICHARD.

Alors jamais homme — n’a été vrai.

LADY ANNE.

Allons, allons, remettez votre épée.

RICHARD.

— Dites donc que la paix est faite.

LADY ANNE.

Vous le saurez — plus tard.

RICHARD.

Mais puis-je vivre dans l’espérance ?

LADY ANNE.

Tous les hommes — y vivent, j’espère.

RICHARD.

Daignez porter cet anneau.

LADY ANNE, mettant l’anneau à son doigt.

— Prendre n’est pas donner.

RICHARD.

— Vois, comme cet anneau enlace ton doigt ; — ainsi ton sein enferme mon pauvre cœur. — Garde-les tous deux, car tous deux sont à toi. — Maintenant, si ton malheureux et dévoué serviteur peut — encore implorer une faveur de ta gracieuse bonté, — tu assures son bonheur à jamais.

LADY ANNE.

— Quelle est cette faveur ?