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Marche l’Aquitaine, Arthur, alors âgé de quinze ans, envahissait le Poitou avec une bande de Bretons, pour tâcher de prendre son aïeule la reine Éléonore, qui s’était réfugiée dans le château de Mirebeau. Après quelques jours de siége, la vieille ennemie de Constance se disposait à capituler, quand dans la nuit du 1er août 1202, le roi Jean, survenant tout à coup, fondit sur les assiégeants endormis et fit son neveu prisonnier dans son lit. Que devint le malheureux enfant entre les mains de son oncle ? Rappelez-vous comment les princes se traitaient alors ; souvenez-vous d’Isaac l’Ange, aveuglé et détrôné tout récemment par son propre frère Alexis, et puis écoutez le récit d’Holinshed :

« Il est dit que le roi Jean, ayant mené son neveu Arthur à Falaise, l’engagea, par tous les moyens, à abandonner l’amitié et l’alliance du roi de France, et à s’attacher à lui, son oncle naturel. Mais Arthur, manquant de prudence et abondant trop complaisamment dans sa propre opinion, fit une réponse présomptueuse, non-seulement se refusant à la demande du roi Jean, mais encore lui commandant de lui restituer les royaumes d’Angleterre, ainsi que toutes les autres terres et possessions que le roi Richard possédait au moment de sa mort. En effet, tout cela lui appartenant par droit d’héritage, Arthur déclarait que, si la restitution n’en était pas faite au plus vite, son oncle ne resterait pas longtemps tranquille. Le roi Jean, piqué au vif par les paroles que lui adressait ainsi son neveu, décida qu’il serait étroitement gardé en prison, d’abord à Falaise, et ensuite à Rouen, dans le nouveau château.

» Peu de temps après, le roi Jean, passant en Angleterre, se fit couronner de nouveau à Cantorbéry par les mains d’Hubert, archevêque de ce siége, le quatorzième