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LE ROI JEAN.
nous : porte-toi bien ; — notre temps nous semble trop précieux pour le dépenser — avec un braillard tel que toi.
PANDOLPHE.

Laissez-moi parler.

LE BÂTARD.

— Non, je veux parler.

LOUIS.

Nous n’écouterons ni l’un ni l’autre. — Qu’on batte le tambour, et que la voix de la guerre — plaide pour nos intérêts et pour notre présence ici !

LE BÂTARD.

— Sans doute, vos tambours crieront, quand on les battra, — comme vous, quand vous serez battus.

Au Dauphin.

Éveille seulement — l’écho avec la clameur de ton tambour, — et aussitôt un tambour, déjà sous les baguettes, — te renverra une réplique tout aussi retentissante. — Donne un second roulement, et un autre roulement, — aussi bruyant que le tien, ira frapper l’oreille du ciel — et narguer le tonnerre à la voix profonde. Car, — sans plus se lier à ce légat chancelant — dont il s’est servi plutôt par jeu que par besoin, — il approche, le belliqueux Jean ; et sur son front — siége la mort décharnée, dont l’office aujourd’hui — est de dévorer les Français par milliers !

LOUIS.

— Faites battre nos tambours, que nous voyions un peu ce danger-là.

LE BÂTARD.

— Tu le verras bien, Dauphin, sois-en sûr.

Tous sortent.