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SCÈNE X.
s’est enfin rendue, — après avoir si longtemps résisté à la sainte Église, — à la grande métropole, au siége de Rome. — Maintenant donc, replie tes drapeaux menaçants, — et apprivoise l’ardeur sauvage de la farouche guerre ; — que, comme un lion nourri à la main, — elle se couche doucement aux pieds de la paix, — n’ayant plus rien de terrible que l’apparence.
LOUIS.

— Votre grâce me pardonnera, je ne reculerai pas. — Je suis de trop haute naissance pour être possédé, — pour être un subalterne qu’on contrôle, — ou bien l’officieux serviteur, l’instrument — d’une puissance souveraine, quelle qu’elle soit ! — C’est vous qui avez rallumé de votre souffle le brandon éteint de la guerre — entre ce royaume châtié et moi-même, — et qui avez apporté les aliments à cet incendie : — il est trop grand maintenant pour pouvoir être éteint — par ce même faible vent qui l’a allumé. — Vous m’avez appris a voir le droit sous sa vraie face, — vous m’avez instruit de mes titres à ce domaine, — que dis-je ? vous m’avez jeté cette entreprise au cœur, — et vous venez maintenant me dire que Jean a fait — sa paix avec Rome ! Que me fait cette paix ? — Par la grâce de mon lit nuptial, — je réclame, moi, après le jeune Arthur, cette terre comme mienne ; — et, maintenant qu’elle est à moitié conquise, il faut que je recule — parce que Jean a fait sa paix avec Rome ! — Est-ce que je suis l’esclave de Rome ? Quel denier Rome a-t-elle déboursé, — quels hommes a-t-elle fournis, quelles munitions envoyées pour aider à cette expédition ? N’est-ce pas moi — qui en supporte toute la charge ? Quels autres que moi, — et ceux qui sont sujets à mon appel, — suent dans cette affaire et soutiennent cette guerre ? — Est-ce que je n’ai pas entendu ces insulaires crier — Vive le roy ! quand j’ai passé devant leurs villes ? — Est-ce que je n’ai pas les