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SCÈNE III.
part de l’Angleterre, — ajoute ceci : qu’aucun prêtre italien — ne percevra jamais ni dîmes, ni taxes dans nos domaines, — et que, comme nous sommes le chef suprême sous le ciel, — nous entendons, seul sous ses auspices, — sans l’assistance d’aucun bras mortel, — défendre cette suprématie, — par laquelle nous régnons. — Dis cela au pape, sans plus d’égards — pour lui et pour son autorité usurpée.
PHILIPPE.

— Frère d’Angleterre, vous blasphémez.

LE ROI JEAN.

— Continuez, vous et tous les rois de la chrétienté, — à vous laisser mener grossièrement par ce prêtre intrigant, — sous l’effroi d’une malédiction qu’une monnaie peut racheter, — et à acquérir, par les mérites de l’or vil, rebut et poussière, — le pardon frelaté d’un homme — qui, dans cette vente, ne vend que son propre pardon ; — continuez, vous et tous les autres, qu’on mène si grossièrement, — à entretenir de vos revenus cette sorcellerie jongleuse. — Que m’importe ! seul, je m’oppose seul au pape, — et je tiens ses amis pour mes ennemis.

PANDOLPHE.

— Eh bien, en vertu du pouvoir légitime que je possède, — sois maudit et excommunié (34) ! — Béni soit le révolté — qui refusera allégeance à un hérétique ! — Il sera réputé de conduite méritoire, — canonisé et sanctifié, — celui qui, par quelque secret moyen, te retirera — ton exécrable vie.

CONSTANCE.

Oh ! permettez — que pour un moment Rome fasse place à mes malédictions ! — Bon père cardinal, criez amen — à mes imprécations perçantes : car, sans ma douleur, — nulle langue n’a le pouvoir de bien le maudire.