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trailles pleines de colères ; — déjà ils sont montés et prêts à cracher — contre vos murs leur indignation de fer. — Tous les préparatifs faits par les Français pour un siége sanglant, — toutes leurs menées hostiles — frappent les yeux de votre ville par vos portes entr’ouvertes ; — et, sans notre approche, ces pierres endormies, — qui vous enlacent comme d’une ceinture, — auraient été déjà, par la secousse de leur artillerie, — jetées à bas de leur lit de ciment, — laissant une large brèche ouverte — à tant de forces sanguinaires pour l’assaut de votre repos ! — Mais nous, votre roi légitime, — nous sommes venu, par une marche pénible et rapide, — leur faire échec devant vos portes, — et sauver des écorchures le front menacé de votre cité ; — et à notre aspect, voyez ! voilà les Français étonnés qui daignent parlementer, — et maintenant, au lieu des boulets cerclés de feu — qui devaient porter dans vos murailles le désordre de la fièvre, — ils ne vous lancent que de douces paroles enveloppées de fumée — qui doivent porter à vos oreilles l’erreur perfide ! — Accordez-leur la confiance qu’ils méritent, bons citoyens, — et laissez-nous entrer. Votre roi, dont les forces surmenées — sont épuisées par l’action d’une marche rapide, — implore un asile dans les murs de votre cité.
PHILIPPE, prenant Arthur par la main.

— Quand j’aurai parlé, répondez-nous à tous deux. — Regardez ! Celui que je tiens de cette main droite, sous une protection — que le vœu le plus sacré lui assure, — c’est le jeune Plantagenet, — fils du frère aîné de cet homme, — et qui doit régner sur lui et sur tous ses domaines. — C’est pour l’équité foulée aux pieds — que devant votre ville nous foulons ces plaines de nos pas belliqueux, — et nous ne sommes votre ennemi — qu’autant que notre zèle hospitalier — pour la cause de cet enfant opprimé — nous y contraint religieusement. Déci-