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vants. Je me suis gorgé d’horreurs. — L’épouvante, familière à mes meurtrières pensées, — ne peut plus me faire tressaillir. Pourquoi ces cris ?
SEYTON.

— La reine est morte, monseigneur.

MACBETH.

Elle aurait dû mourir plus tard ; — le moment serait toujours venu de dire ce mot-là !… — Demain, puis demain, puis demain — glisse à petits pas de jour en jour — jusqu’à la dernière syllabe du registre des temps : — et tous nos hiers n’ont fait qu’éclairer pour des fous — le chemin de la mort poudreuse. Éteins-toi, éteins-toi, court flambeau ! — La vie n’est qu’un fantôme errant, un pauvre comédien — qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène — et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire — dite par un idiot, pleine de fracas et de furie, — et qui ne signifie rien…

Entre un Messager.

— Tu viens pour user de ta langue ; ton conte, vite !

LE MESSAGER.

Mon gracieux seigneur, — je voudrais vous rapporter ce que j’affirme avoir vu, — mais je ne sais comment faire.

MACBETH.

Eh bien, parlez, monsieur !

LE MESSAGER.

— Comme je montais ma garde sur la colline, — j’ai regardé du côté de Birnam, et tout à coup il m’a semblé — que la forêt se mettait en mouvement.

MACBETH, le frappant.

Misérable menteur !

LE MESSAGER.

— Que j’endure votre courroux, si cela n’est pas vrai ; —