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théories. Il se mit donc à l’œuvre, et, après de longues années de travail, il publia en 1597 son fameux livre intitulé : Démonologie. Pour que nul ne se méprît sur l’objet de cette publication, il daigna l’expliquer lui-même dans une préface au lecteur que je traduis littéralement :

« La terrible abondance, à cette époque et dans ce pays, de ces détestables esclaves du diable, les sorcières et les enchanteurs, m’a décidé, ami lecteur, à terminer à la hâte le traité que voici. Nullement, je le jure, dans le but de faire montre de ma science et de mon esprit, mais seulement, par une inspiration de ma conscience, pour contribuer, autant que je le puis, à résoudre les doutes de beaucoup de gens et pour prouver que les assauts de Satan sont très-certainement pratiqués, et que ses instruments méritent d’être très-sévèrement punis, en dépit des opinions condamnables de deux de nos contemporains. L’un, appelé Scot, un Anglais, n’a pas honte de déclarer dans un imprimé public qu’il n’y a pas de sorcellerie, et de maintenir ainsi la vieille erreur des Sadducéens qui niaient les esprits. L’autre, nommé Wier, un médecin allemand, a fait l’apologie publique de ces artisans du mal dans un ouvrage où, tout en réclamant pour eux l’impunité, il avoue pleinement avoir exercé leur profession. — Pour rendre ce traité plus agréable et plus facile, je l’ai mis sous forme de dialogue et je l’ai divisé en trois livres : le premier, traitant de la magie en général et de la nécromancie en particulier ; le second, de la sorcellerie ; le troisième, contenant une description des spectres et des esprits de toutes sortes qui paraissent et troublent les personnes : enfin, une conclusion de tout l’ouvrage. Mon intention dans ce travail, je l’ai déjà dit, est seulement de prouver deux