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tombèrent tout d’abord sur ce Francis Stuart, petit-fils de Jacques V, dont j’ai déjà expliqué les espérances et révélé les relations avec une dame Euphane Mac-Calzean. Le comte fut sommé de paraître devant le roi pour se justifier : il repoussa hautement l’accusation, disant, selon le rapport de Melville, que « ni le démon qui est un menteur dès le commencement, ni ses amies jurées les sorcières, n’avaient droit à la moindre confiance dans cette occasion[1]. » Malgré cette dénégation absolue, il fut arrêté et jeté en prison. Plus heureux que ses coaccusés, il parvint à s’échapper quelques mois plus tard et se réfugia en France, où il mourut de misère.

Il n’en fut pas de même des autres prévenus.

Ici commence le drame : drame historique, ne l’oublions pas.

La dame Euphane Mac-Calzean fut mise à la torture. Vaincue par la douleur, elle avoua qu’elle avait consulté une certaine Agnès Simpson sur la durée de la vie de Jacques VI, et que, pour servir les intérêts de Francis Stuart, elle avait décidé ladite Agnès à empêcher par tous les moyens en son pouvoir l’arrivée de la reine et le retour du roi en Écosse.

À la suite de cette dénonciation, mistress Agnès Simpson, qui exerçait à Leith les fonctions de sage-femme, fut arrêtée. « Ce n’était pas, dit le chroniqueur Spottiswoode, une stryge vulgaire et sordide, mais une douce et grave matrone. » Elle nia tout d’abord les charges qu’on lui imputait. Sur quoi le juge royal ordonna qu’une corde fût mise au cou de l’accusée et que cette corde fût tordue jusqu’à ce que l’accusée fit des aveux. C’était un supplice inventé par les boucaniers. Agnès était presque étranglée, lorsqu’elle consentit à parler.

  1. Melville’s Memoirs, p. 395.