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savez que Jacques avait une étoile), et d’aller lui-même chercher la princesse.

Mais ici les difficultés se présentaient.

D’abord les ministres de Jacques s’opposeraient, au nom du salut public, à ce périlleux voyage. Ensuite, en supposant que les ministres consentissent au départ du roi, il y avait à ce départ un petit obstacle, c’est que, pour aller d’Écosse en Norwége, il faut un navire, et le roi n’avait plus de navire !

Au milieu de ces embarras, Jacques eut une idée. Il fit venir son chancelier, une sorte de Gonzalo ayant nom Maitland, et lui confia toutes ses perplexités ; il lui déclara que l’honneur de sa couronne était engagé au retour de la reine, que, dans cette circonstance, il avait songé au dévouement éprouvé de son vieux serviteur, et qu’il n’hésitait pas à lui confier la dangereuse mission d’aller chercher son altesse. Le vénérable chancelier, qui ne se souciait sans doute nullement de l’honneur qu’on lui conférait, murmura quelques objections : « Il n’y avait pas de marine ; il fallait une escadre de six navires au moins ; le trésor était vide ; etc., etc. » Jacques eut réponse à tout. Dans un cas suprême comme celui-ci, n’était-il pas tout simple de faire appel à la loyauté des bons Écossais et de mettre en réquisition tous les bâtiments marchands qu’on pourrait trouver ? Le roi n’avait pas de marine, prétendait le chancelier. Eh ! n’avait-il pas la marine de ses sujets ?

Le chancelier ne pouvait rien répliquer à un argument si monarchique. Il fit de nécessité vertu et se mit à faire consciencieusement les préparatifs de l’expédition. Au bout de quelques jours, il avait réuni une flottille fort convenable, composée de chasse-marée et de bateaux-pêcheurs. Le plus fort de tous ces bâtiments était un sloop de cent vingt tonneaux. Ce fut celui qu’on désigna