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était menacée, non plus seulement par le complot isolé des sorcières de Danemark, mais bien par une conspiration générale des sorcières d’Écosse et de Danemark liguées ensemble. Le grave historien, sir James Melville, n’hésite pas à affirmer, dans ses Mémoires, que la fin tragique de sa belle-sœur était le résultat de cette ligue infernale. Les sorcières, n’ayant pu atteindre la jeune reine, avaient frappé sa dame d’honneur, et leur acharnement, dans cette circonstance, s’expliquait à merveille par la raison que les sorcières, étant catholiques et toutes dévouées à la fois au pape et à Satan, avaient juré d’empêcher à tout prix un mariage qui mettait une princesse protestante sur le trône d’Écosse.

La situation était critique, on en conviendra.

Jacques VI reçut au château de Craigmillar une lettre de la jeune reine. Anne racontait en termes pathétiques ses épreuves récentes. Elle avait bien manqué d’être noyée et d’être écrasée par un gros canon ! Heureusement la divine Providence était intervenue, et maintenant la princesse était saine et sauve dans un port de la côte norwégienne, appelé Upslo. Un espion d’Élisabeth qui assistait à la lecture de cette lettre, Thomas Fowler, peint, dans une dépêche adressée au ministre Burleigh, toute l’émotion de sa majesté : « Le roi pleura et soupira profondément. »

Cependant pleurer n’avançait pas à grand’chose. Il fallait agir, et promptement. Un roi chevalier pouvait-il laisser sa dame dans un si grand embarras ? Que penserait-on de Jacques dans toutes les cours de l’Europe ? Pouvait-il rester dans cette position ridicule de mari transi, et soupirer indéfiniment à cinq cents lieues de sa belle ?

Sous l’influence de ces réflexions, Jacques prit un parti héroïque. Il résolut de se fier à son étoile (car vous