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Thomas a endossé de nouveau le vieux harnais de misère. En apprenant son retour inespéré, tous ses amis vinrent le féliciter. On l’avait cru mort, le malheureux ! Mais c’était une fausse alerte ! Il nous était enfin rendu, et pour longtemps, il fallait l’espérer !

Cependant le bruit se répandit bien vite que Thomas le Rimeur avait le don de lire dans l’avenir. La renommée du poëte, justifiée par l’événement, se répandit partout. Le roi, les plus grands seigneurs, les plus belles dames de l’Écosse, voulurent se faire dire par lui la bonne aventure. On vint, non-seulement d’Écosse, mais d’Angleterre et même de France, pour consulter l’oracle d’Enceldoune. Le manoir de Thomas devint un petit temple delphique.

Parmi les prédictions que Thomas fit alors, il en est dont on attend encore la réalisation.

Ainsi, les habitants d’une ville d’Écosse, appelée Kelso, ayant bâti une église, vinrent demander à Thomas quelle en serait la durée. Thomas répondit qu’elle s’écroulerait lorsqu’elle serait comble. Aujourd’hui, l’église est encore debout, mais, en 1782, il y eut une panique terrible. Une foule énorme s’était assemblée dans l’église pour écouter un prédicateur en vogue. Au beau milieu du sermon, une pierre tombe de la voûte. Tout le monde alors croit que l’heure fatale annoncée par Thomas est arrivée. C’est un sauve-qui-peut universel. On se presse, on se foule, on s’étouffe aux portes. Heureusement, on en est quitte pour la peur ; mais la peur a été si grande que, depuis cette époque, les bancs de l’église sont presque toujours vides.

Une autre fois, un seigneur écossais appelé Haig, ayant construit un beau château à Bemerside, demanda à Thomas quelle en serait la destinée. Thomas répondit :