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tions qui jaillissait de ces notes mélodieuses et débordait sur les sympathies humaines de l’Esprit en émotion calme et douce.

La joie vint à l’Esprit : une joie comme celle d’un amant qui aperçoit l’élue de son âme dans le bonheur, qui contemple dans le repos celle dont la détresse lui était plus amère que la mort, qui voit sa joue rafraîchie s’éclairer lentement du premier éclat de la santé, et tressaille devant ces yeux adorables qui, comme deux astres sur le flot soulevé, étincellent dans un humide rayonnement.

Alors, dans son triomphe, la Reine des Fées parla : « Je n’évoquerai pas le spectre des âges évanouis pour te révéler les secrets horribles de sa science. Désormais, le présent est passé ! Et les événements qui désolent la Terre ont disparu de la mémoire du Temps, qui n’oserait pas rendre la réalité à ce dont j’annule l’existence. À moi est donné de conserver les merveilles du monde humain, l’espace, la matière, le temps et l’imagination. L’avenir va maintenant exposer son trésor ; que ce spectacle renouvelle et ranime ton espoir défaillant. Ô Esprit humain ! élance-toi vers le sommet suprême où la Vertu fixe la paix universelle, et, au milieu du flux et du reflux des choses humaines, dresse quelque chose de stable, quelque chose de certain, un phare au-dessus de l’abîme des sombres vagues.

» La terre habitable est pleine d’allégresse. Ces dunes de lames glacées qu’avaient amassées autour du pôle d’incessants ouragans de neige, et où la matière n’osait ni végéter ni vivre, ces vastes solitudes que la gelée perpétuelle entourait de sa large zone d’immobilité, sont maintenant déblayées ; là, les zéphyrs embaumés des îles luxuriantes froncent l’Océan placide, qui roule son flot large et clair sur la pente du sable, et dont le rugis-