Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

duisez le couvercle de glaise. Faites mitonner sur un feu doux pendant trois jours consécutifs, jusqu’à ce que la chair bouillie se fonde en huile et jusqu’à ce que vous voyiez les os nus ; réduisez le poil de la peau en poudre, et mêlez cette poudre à l’huile du vase ; puis frottez de ce mélange les têtes des assistants, et ils sembleront avoir des têtes d’ânes ou de chevaux. » (Scot, Discovery of Witchcraft, chap. xix.)

Shakespeare a pu lire, dans la biographie du célèbre sorcier Faust, avec quelle facilité celui-ci pratiquait cette métamorphose sur ses amis : « Les convives s’étant attablés et ayant bien mangé et bien bu, le docteur Faust lit que chacun d’eux eut une tête d’âne, avec de larges et longues oreilles. Tous se mirent à danser dans cet état, pour passer le temps jusqu’à minuit. Après quoi ils s’en allèrent, et, aussitôt qu’ils furent hors de la maison, ils reprirent chacun leur forme naturelle et revinrent tranquillement se coucher. (Histoire de la vie damnable et de la mort méritée du docteur Jean Faust, chap, xiii.)

(12) Ho ! ho ! ho ! — C’est par ce cri, on l’a vu déjà, que Puck trahissait sa présence. De là ce proverbe encore aujourd’hui usité dans le comté de Norfolk : Rire comme Robin Goodfellow.

(13) Thésée a toujours été représenté comme un grand chasseur par les traditions du Moyen Âge. C’est ainsi que le peint Chaucer dans son beau Conte du Chevalier.

He for to hunten is so desirous,
And namely at the grete hart in may,
That in his bed ther dawelh him no day
That he n’is clad, and redy for too ride
With hunte and horne and houndes him beside.
For in his hunting hath he swiche delite,
That a is all his joye and appetite
To ben himself the grete hartes bane,
For after Mars he serveth now Diane.


Il est si désireux de chasser,
Surtout le grand cerf en mai,
Que jamais le jour ne le surprend dans son lit.
Déjà il est vêtu et prêt à chevaucher,
Au son du cor, suivi d’une meute de limiers.
À la chasse il trouve de telles délices,
Que c’est toute sa joie et tout son appétit
D’être lui-même le fléau des grands cerfs,
Car, après Mars, c’est Diane qu’il sert !