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Depuis le temps de Merlin, ce nourrisson des stryges,
Je me suis ainsi diverti chaque nuit ;
Et pour mes fredaines on m’appelle
Robin le Bon Enfant.
Démons, spectres, fantômes,
Qui hantent les nuits,
Sorcières et lutins me connaissent ;
Et les vieilles grand’mères
Ont raconté mes exploits.
Sur ce, adieu ! adieu ! ho ! ho !

Ces vers sont évidemment inspirés par une ballade beaucoup plus ancienne, dont on retrouve quelques strophes dans un roman féerique, récemment réimprimé par M. Collier et ayant pour titre : Les joyeuses fredaines et les gaies plaisanteries de Robin Bon Enfant. Je traduis de cet ouvrage le chapitre suivant, qui contient un de ces couplets :
COMMENT ROBIN BON ENFANT ÉGARA UNE BANDE DE COMPAGNONS.
« Une bande de jeunes gens, ayant fait bombance avec leurs bonnes amies, revenaient au logis et traversaient une bruyère. L’ayant su, Robin Bon Enfant alla à leur rencontre, et, pour faire une farce, les fit promener en tous sens sur la bruyère pendant toute la nuit, si bien qu’ils ne surent comment s’en tirer : car il marchait devant eux sous la forme d’un feu follet, qu’ils virent et suivirent tous jusqu’à l’apparition du jour. Alors Robin les quitta et, à son départ, leur dit ces paroles :

Allez chez vous, joyeux camarades :
Dites à vos mamans et à vos papas
Et à tous ceux qui désirent des nouvelles,
Comment vous avez vu un feu follet.
Filles qui souriez et balbutiez,
En m’appelant Willy Wisp,
Si ce jeu pour vous n’est que fatigue,
Pour moi il n’est que plaisir.
En marche ! Allez à vos logis,
Et je pars en riant : ho ! ho !

Les compagnons furent bien contents de son départ, car ils avaient tous grand’peur qu’il ne leur fit du mal. »