Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Parfois pourtant, afin de plaire aux filles,
À minuit je carde leurs laines,
Et, tandis qu’elle dorment et prennent leurs aises,
Je file leur fin au rouet.
Au moulin je broie
Parfois leur orge ;
J’apprête leur chanvre ; je tisse leur étoupe.
Si quelqu’une s’éveille
Et veut me surprendre,
Je me sauve en riant : ho ! ho !

Quand elles ont besoin d’emprunter,
Nous leur prêtons ce qu’elles désirent,
Et nous ne demandons rien pour intérêt ;
Notre principal est tout ce que nous voulons.
Si à rembourser
Elles tardent,
Je m’aventure au milieu d’elles,
Et, nuit sur nuit,
Je les épouvante
Par des pincements, des rêves et des ho ! ho !

Quand les gueuses sont fainéantes
Et ne s’occupent que de gloser et de mentir,
Pour amener une querelle et se faire tort
Les unes aux autres en secret,
J’écoute leurs propos,
Et je les révèle
À ceux qu’elles ont outragés.
Quand j’ai fini,
Je m’esquive
Et les laisse maugréant : ho ! ho !

À travers les sources et les ruisseaux, dans les prés verts,
Nous dansons la nuit notre ronde triomphale,
Et, à notre roi, à notre reine féeriques,
Nous chantons nos lais du clair de lune.
Quand l’alouette commence à chanter,
Vite nous filons ;
Nous volons en passant les marmots nouveau-nés,
Et dans le lit, en place,
Nous laissons un sylphe,
Et nous nous sauvons en riant : ho ! ho !