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extraordinaire, et inscrivez ceci — en lettres d’or sur des piliers durables : en un voyage unique, — Claribel a trouvé un mari, à Tunis ; — son frère Ferdinand, une femme, là — où il s’était perdu lui-même ; Prospero, son duché, — dans une île misérable ; et nous nous sommes retrouvés tous, — quand nous ne nous possédions plus.
ALONSO, à Ferdinand et à Miranda.

Donnez-moi vos mains. — Que le chagrin et la tristesse serrent à jamais le cœur — de quiconque ne vous souhaite pas la joie !

GONZALO.

Ainsi soit-il ! amen !

Ariel rentre avec le Patron et le Bosseman qui le suivent tout ébahis.
GONZALO, à Alonso.

— Voyez, seigneur ; voyez, seigneur : voici encore des nôtres.

Montrant le bosseman.

— J’avais prédit que, s’il y avait encore un gibet à terre, — ce gaillard-là ne se noierait pas. Eh bien ! blasphème vivant, — toi qui maudissais le ciel à bord, pas le moindre juron à la côte ? — Tu n’as plus de langue à terre ?… Quelles nouvelles ?

LE BOSSEMAN.

— La meilleure de toutes, c’est que nous avons trouvé sains et saufs — notre roi et sa suite ; la seconde, c’est que notre navire, — qu’il y a trois heures nous croyions en pièces, — est aussi solide, aussi preste, aussi vaillamment gréé que — le premier jour où nous mîmes à la mer.

ARIEL, à part, à Prospero.

Seigneur, tout cela, — je l’ai fait depuis mon départ.

PROSPERO, à part.

Mon habile esprit !