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je te chevillerai à ses entrailles noueuses, jusqu’à ce que — tu aies hurlé douze hivers.
ARIEL.

Pardon, maître ! — Je serai prêt à tout commandement, — et je ferai gentiment mon métier d’esprit.

PROSPERO.

Fais-le, et dans deux jours — je t’affranchis.

ARIEL.

Voilà bien mon noble maître ! — Que dois-je faire ? Dites quoi. Que dois-je faire ?

PROSPERO.

— Va, change-toi en nymphe de la mer. Sujet — seulement à ton regard et au mien, sois invisible — à toute autre prunelle. Va, prends cette forme — et reviens ainsi. Pars, sois diligent.

Ariel sort.
PROSPERO, continuant, à Miranda.

— Éveille-toi, cher cœur, éveille-toi ! Tu as bien dormi. — Éveille-toi !

MIRANDA, s’éveillant.

L’étrangeté de votre histoire a mis — l’accablement en moi.

PROSPERO.

Secoue-le. Viens, — nous irons voir Caliban, mon esclave, qui jamais — ne nous accorde une réponse aimable.

MIRANDA.

Monsieur, c’est un vilain, — que je n’aime pas regarder.

PROSPERO.

Mais, tel qu’il est, — nous ne pouvons nous passer de lui : il fait notre feu, — va chercher notre bois et nous rend des services — utiles… Holà ! esclave ! Caliban ! — tas de terre ! parle donc, toi !