Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.
en moi — que Prospero, maître d’une misérable grotte, —

ton père, et rien de plus.

MIRANDA.

En savoir davantage — n’est jamais entré dans ma pensée.

PROSPERO.

Il est temps — que je t’en apprenne plus long. Prête-moi ta main, — et ôte-moi mon magique vêtement… C’est cela.

Il met de côté son manteau que Miranda l’aide à ôter.

— Repose là, mon art !… Essuie tes yeux ; console-toi. — Ce naufrage effrayant, dont le spectacle a ému — en toi la pure vertu de la pitié, — a été, grâce aux précautions de mon art, — si sûrement ordonné qu’aucune âme n’a péri. — Non, nul n’a perdu un cheveu, — de tous ces gens du navire que tu as entendus — crier, que tu as vus sombrer ! Assieds-toi, — car il faut que tu en saches plus long.

MIRANDA.

Vous avez souvent — commencé à me dire ce que je suis ; mais vous vous êtes arrêté, — et m’avez abandonnée à une inutile curiosité, — en finissant par me dire : Attends, pas encore !

PROSPERO.

L’heure est maintenant venue. — Voici le moment même qui t’invite à ouvrir l’oreille. — Obéis et sois attentive… Peux-tu te souvenir — du temps avant lequel nous sommes venus dans cette grotte ? — Je ne le pense pas ; car alors tu n’avais pas — trois ans.

MIRANDA.

Certainement, monsieur, je le puis.

PROSPERO.

— De quoi te souviens-tu ? D’une autre maison, ou