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qu’un âne… Il me semblait que j’étais, nul homme au monde ne pourrait me dire quoi. Il me semblait que j’étais… et il me semblait que j’avais… Il faudrait être un fou à marotte pour essayer de dire ce qu’il me semblait que j’avais. L’œil de l’homme n’a jamais ouï, l’oreille de l’homme n’a jamais vu rien de pareil ; la main de l’homme ne serait pas capable de goûter, sa langue de concevoir, son cœur de rapporter ce qu’était mon rêve. Je ferai composer par Pierre Lecoing une ballade sur ce songe : elle s’appellera le Rêve de Bottom, parce que ce rêve-là est sans nom ; et je la chanterai à la fin de la pièce, devant le duc. Et peut-être même, pour lui donner plus de grâce, la chanterai-je après la mort.
Il sort.

SCÈNE VI.
[Athènes. Chez Lecoing.]
Entrent Lecoing, Flûte, Groin et Meurt de faim.
LECOING.

Avez-vous envoyé chez Bottom ? Est-il rentré chez lui ?

MEURT DE FAIM.

On ne sait ce qu’il est devenu. Sans nul doute, il est enlevé.

FLÛTE.

S’il ne vient pas, la représentation est dérangée. Elle ne peut plus marcher, pas vrai ?

LECOING.

Impossible. Vous n’avez que lui, dans tout Athènes, capable de jouer Pyrame.