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TITANIA.

— J’ai une fée aventureuse qui ira fouiller — le magasin d’un écureuil et t’apportera des noix nouvelles. —

BOTTOM.

J’aimerais mieux une poignée ou deux de pois secs. Mais, je vous en prie, empêchez vos gens de me déranger ; je sens venir à moi un accès de sommeil.

TITANIA.

— Dors, et je vais t’enlacer de mes bras. — Partez, fées, et explorez tous les chemins.

Les fées sortent.

— Ainsi le chèvrefeuille, le chèvrefeuille embaumé — s’enlace doucement, ainsi le lierre femelle — s’enroule aux doigts d’écorce de l’orme. — Oh ! comme je t’aime ! comme je raffole de toi ! —

Ils s’endorment.
Obébon s’avance. Entre Puck.
OBÉRON.

— Bienvenue, cher Robin. Vois-tu ce charmant spectacle ? — Je commence maintenant à prendre en pitié sa folie. — Tout à l’heure, l’ayant rencontrée, en arrière du bois, — qui cherchait de suaves présents pour cet affreux imbécile, — je lui ai fait honte et me suis querellé avec elle. — Déjà, en effet, elle avait ceint les tempes velues du drôle — d’une couronne de fleurs fraîches et parfumées ; — et la rosée, qui sur leurs boutons — étalait naguère ses rondes perles d’Orient, — cachait alors dans le calice de ces jolies fleurettes — les larmes que lui arrachait leur disgrâce. — Quand je l’ai eu tancée tout à mon aise, — elle a imploré mon pardon dans les termes les plus doux. — Je lui ai demandé alors son petit favori ; — elle me l’a accordé sur-le-champ, et a dépêché une de ses