— Plus je l’aime, plus il me hait.
— S’il est fou, Héléna, la faute n’en est pas à moi.
— Non, mais à votre beauté ! Que n’est-ce la faute de la mienne !
— Consolez-vous ; il ne verra plus mon visage ; — Lysandre et moi, nous allons fuir de ces lieux. — Avant que j’eusse vu Lysandre, — Athènes était comme un paradis pour moi. — Oh ! quel charme possède donc mon amour — pour avoir ainsi changé ce ciel en enfer ?
— Héléna, nous allons vous dévoiler nos projets. — Demain soir, quand Phébé contemplera — son visage d’argent dans le miroir des eaux, — et ornera de perles liquides les lames du gazon, — à cette heure qui cache toujours la fuite des amants, — nous avons résolu de franchir à la dérobée les portes d’Athènes.
— Vous rappelez-vous le bois où souvent, vous et moi, — nous aimions à nous coucher sur un lit de molles primevères, — en vidant le doux secret de nos cœurs ? — C’est là que nous nous retrouverons, mon Lysandre et moi, — pour aller ensuite, détournant nos regards d’Athènes, — chercher de nouveaux amis et un monde étranger. — Adieu, douce compagne de mes jeux : prie pour nous, — et puisse une bonne chance t’accorder ton Démétrius ! — Tiens parole, Lysandre. Il faut que nous sevrions nos regards — de la nourriture des amants, jusqu’à demain, à la nuit profonde.