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au lit ; se battant pour un champ — où il leur est impossible de se mesurer tous, — et qui est une tombe trop étroite — pour couvrir les tués ! Oh ! que désormais — mes pensées soient sanglantes pour n’être pas dignes du néant !

Il sort.

SCÈNE XVI.
[La salle d’armes dans le château.]
Entrent la Reine et Horatio.
LA REINE.

— Je ne veux pas lui parler.

HORATIO.

— Elle est exigeante ; pour sûr, elle divague ; — elle est dans un état à faire pitié.

LA REINE.

Que veut-elle ?

HORATIO.

— Elle parle beaucoup de son père ; elle dit qu’elle sait — qu’il n’y a que fourberies en ce monde ; elle soupire et se bat la poitrine ; — elle frappe du pied avec rage pour un fétu ; elle dit des choses vagues — qui n’ont de sens qu’à moitié. Son langage ne signifie rien, — et cependant, dans son incohérence, il fait — réfléchir ceux qui l’écoutent. On en cherche la suite, — et on en relie par la pensée les mots décousus. — Les clignements d’yeux, les hochements de tête, les gestes qui l’accompagnent, — feraient croire vraiment qu’il y a là une pensée — bien sinistre, quoique non arrêtée.

LA REINE.

— Il serait bon de lui parler ; car elle pourrait semer