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avec le reste de mes serviteurs ; car, foi d’honnête homme ! je suis terriblement escorté. Ah çà ! pour parler avec le laisser-aller de l’amitié, qu’êtes-vous venus faire à Elseneur ?
ROSENCRANTZ.

Vous voir, monseigneur ; pas d’autre motif.

HAMLET.

Gueux comme je le suis, je suis pauvre même en remercîments ; mais je ne vous en remercie pas moins, et je vous assure, mes bons amis, mes remercîments sont trop chers à un sou. Vous a-t-on envoyé chercher, ou venez-vous me voir spontanément, de votre plein gré ? Allons, agissez avec moi en confiance ; allons, allons ! parlez.

GUILDENSTERN.

Que pourrions-nous dire, monseigneur ?

HAMLET.

Eh bien, n’importe quoi… qui réponde à ma question ! On vous a envoyé chercher ; il y a dans vos regards une sorte d’aveu que votre candeur n’a pas le talent de colorer. Je le sais, le bon roi et la bonne reine vous ont envoyé chercher.

ROSENCRANTZ.

Dans quel but, monseigneur ?

HAMLET.

C’est ce qu’il faut m’apprendre. Ah ! laissez-moi vous conjurer ; par les droits de notre camaraderie, par l’harmonie de notre jeunesse, par les engagements de notre amitié toujours constante, enfin par tout ce qu’un meilleur orateur pourrait invoquer de plus cher, soyez nets et francs avec moi. Vous a-t-on envoyé chercher, oui ou non ?

ROSENCRANTZ, à Guildenstern.

Que dites-vous ?