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pour moi ; vous devez porter votre rue — avec quelque chose qui la varie : voici une pâquerette. — Tenez, amour, voici pour vous du romarin — comme souvenir : de grâce, amour, souvenez-vous ; — et voici une pensée en guise de pensée.
LÉARTES.

Leçon donnée par la folie ! les pensées près du souvenir. — ô Dieu ! ô Dieu !

OFÉLIA.

Voici du fenouil pour vous : j’aurais bien voulu vous donner — des violettes, mais elles se sont toutes fanées, quand — mon père est mort. Hélas ! on dit que la chouette a été — jadis la fille d’un boulanger. Nous voyons ce que nous sommes, — mais nous ne pouvons dire ce que nous serons.

Car le bon cher Robin est toute ma joie.

LÉARTES.

Afflictions de la pensée, tourments pires que l’enfer !

OFÉLIA.

Eh bien ! amour, je vous prie, pas un mot sur ceci, maintenant. — De grâce, chantez :

Ah bas ! à bas !

C’est l’histoire de la fille du roi — et de l’intendant traître. Et si quelqu’un — demande ce que c’est, dites ceci :

Bonjour ! c’est la Saint-Valentin.
Tous sont levés de grand matin.
Me voici, vierge, à votre fenêtre,
Pour être votre Valentine.

Le jeune homme se leva, et mit ses habits,
Et ouvrit la porte de sa chambre,
Et vierge, elle y entra, et puis oncques vierge
Elle n’en sortit.