Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ne change pas, alors, — ce que nous avons vu n’est qu’un spectre infernal. — Horatio, prends bien garde, observe-le bien.
HORATIO.

Monseigneur, mes regards seront constamment sur sa face ; — et pas une altération, si légère qu’elle soit, — ne paraîtra en lui, sans que je la remarque.

HAMLET.

Écoute ! Ils viennent.

Entrent le Roi, la Reine, Corambis et autres Seigneurs.
LE ROI.

Eh bien ! fils Hamlet, comment vous portez-vous ? Aurons-nous une comédie ?…

HAMLET.

Je vis du plat du caméléon : ce n’est pas du chapon farci, — c’est de l’air que je mange. — Oui, père… monseigneur, vous jouâtes à l’Université ?

CORAMBIS.

Oui, monseigneur, et je passais pour bon acteur.

HAMLET.

Et que jouâtes-vous là ?

CORAMBIS.

Monseigneur, je jouai Jules César, je fus tué — au Capitule ; Brutus me tua.

HAMLET.

C’était un acte de brute — de tuer un veau si capital. — Allons ! les acteurs sont-ils prêts ?

LA REINE.

Hamlet ! venez vous asseoir près de moi.

HAMLET.

Non, ma foi ! mère. — Voici un métal plus attractif. — Madame, voulez-vous me permettre — de mettre ma tête entre vos genoux ?