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ger. — Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, — qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie. — Mais venez : jurez ici, comme tout à l’heure. — Quelque étrange ou bizarre que soit ma conduite, — car il se peut que plus tard je juge convenable — d’affecter une allure fantasque, — jurez que, me voyant alors, jamais il ne vous arrivera, — en croisant les bras de cette façon, en secouant la tête ainsi, — ou en prononçant quelque phrase trop concluante, — comme : « Bien ! bien ! nous savons… » ou « Nous pourrions, si nous voulions… » — ou « Il ne tiendrait qu’à nous… » ou tel autre mot ambigu, — de donner à entendre que vous avez un secret de moi. — Jurez de n’en rien faire, et que pour cela la grâce et la merci du ciel — vous assistent au besoin ! Jurez !
LE SPECTRE.

Jurez !

HAMLET.

Calme-toi, calme-toi, âme en peine !… Sur ce, messieurs, — je me recommande à vous de toute mon amitié ; — et tout ce qu’un pauvre homme comme Hamlet pourra faire — pour vous être agréable sera fait, Dieu aidant. — Maintenant rentrons ensemble, — et toujours le doigt sur vos lèvres, je vous prie. — Notre époque est détraquée. Maudite fatalité ! — que je sois jamais né pour la remettre en ordre ! — Eh bien ! allons, partons ensemble !

Ils sortent.

SCÈNE VI.
[Une chambre dans la maison de Corambis.]
Entrent Corambis et Montano.
CORAMBIS.

Tenez, Montano, portez ces lettres à mon fils, — et cet