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ACTE V, SCÈNE V.

sûreté. Jamais, j’ose t’en répondre, jamais ennemi ne prendra vivant le noble Brutus. Les dieux le préservent d’une telle ignominie ! En quelque lieu que tu le trouves, vivant ou mort, tu le trouveras toujours semblable à Brutus, semblable à lui-même.

antoine. — Amis, ce n’est point là Brutus ; mais je vous assure que je ne regarde pas cette prise comme moins importante. Ayez soin qu’il ne soit fait aucun mal à cet homme ; traitez-le avec toute sorte d’égards. J’aimerais mieux avoir ses pareils pour amis que pour ennemis. Avancez, voyez si Brutus est mort ou en vie, et revenez à la tente d’Octave nous rendre compte de ce qui est arrivé.

(Ils sortent.)

SCÈNE V

Une partie de la plaine.
Entrent BRUTUS, DARDANIUS, CLITUS, STRATON et VOLUMNIUS.

brutus. — Venez, tristes restes de mes amis : reposons-nous sur ce rocher.

clitus. — Statilius a montré au loin sa torche allumée : cependant, mon seigneur, il ne revient point ; il est captif ou tué.

brutus. — Assieds-toi là, Clitus : tuer est le mot ; c’est l’action appropriée au moment. Écoute, Clitus.

(Il lui parle à l’oreille.)

clitus. — Quoi ! moi, monseigneur ? Non, pas pour le monde entier.

brutus. — Silence donc, pas de paroles.

clitus. — J’aimerais mieux me tuer moi-même.

brutus. — Dardanius, écoute.

(Il lui parle bas.)

dardanius. — Moi ! commettre une pareille action ?

clitus. — Ô Dardanius !

dardanius. — Ô Clitus !