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ACTE IV, SCÈNE III.

César.) Ah ! qui entre ici ? C’est apparemment la faiblesse de mes yeux qui produit cette horrible vision ! — Il s’avance sur moi ! — Es-tu quelque chose ? es-tu quelque dieu, quelque ange ou quelque démon, toi qui glaces mon sang et fais dresser mes cheveux ? Parle-moi, qu’es-tu ?

l’ombre de césar. — Ton mauvais génie, Brutus.

brutus. — Pourquoi viens-tu ?

l’ombre de césar. — Pour te dire que tu me verras à Philippes.

brutus. — À la bonne heure. Je te reverrai donc encore ?

l’ombre de césar. — Oui, à Philippes.

brutus. — Eh bien ! je te reverrai à Philippes. (L’ombre disparaît.) Quand je retrouvais mon courage, tu t’évanouis : mauvais génie, j’aurais voulu t’entretenir plus longtemps. — Garçon ! Lucius ! Varron ! Claudius ! amis ! éveillez-vous. Claudius !

lucius. — Il y a des cordes fausses, mon seigneur.

brutus. — Il croit être encore à son instrument. — Lucius, réveille-toi.

lucius. — Mon seigneur.

brutus. — Est-ce un songe, Lucius, qui t’a fait pousser ce cri ?

lucius. — Seigneur, je ne crois pas avoir crié.

brutus. — Oui, tu as crié. — As-tu vu quelque chose ?

lucius. — Rien, mon seigneur.

brutus. — Rendors-toi, Lucius ! — Allons, Claudius ; et toi mon ami, éveille-toi.

varron. — Seigneur.

claudius. — Seigneur.

brutus. — Pourquoi donc, je vous en prie, avez-vous tous deux crié dans votre sommeil ?

varron et claudius. — Nous, seigneur ?

brutus. — Oui, vous. Avez-vous vu quelque chose ?

varron. — Non, mon seigneur, je n’ai rien vu.

claudius. — Ni moi, mon seigneur.

brutus. — Allez, saluez de ma part mon frère Cassius :