supporter quand cette humeur fougueuse, que je tiens de ma mère, me fait tout oublier ?
brutus. — Oui, Cassius ; et désormais quand vous vous emporterez contre votre Brutus, il pensera que c’est votre mère qui gronde, et il vous laissera faire.
le poëte (derrière le théâtre). — Laissez-moi entrer, je veux voir les généraux : il y a de la discorde entre eux ; il n’est pas prudent de les laisser seuls.
lucius (derrière le théâtre). — Vous ne pénétrerez point jusqu’à eux.
le poëte (derrière le théâtre). — Rien ne peut m’arrêter que la mort.
cassius. — Qu’est-ce que c’est ? de quoi s’agit-il ?
le poëte. — Quelle honte à vous, généraux ! que prétendez-vous ? Aimez-vous ; soyez amis comme doivent l’être deux hommes tels que vous : j’ai vu, soyez-en sûrs, plus d’années que vous[1].
cassius. — Ah ! ah ! ah ! que ce cynique fait de mauvais vers.
brutus. — Sortez d’ici, faquin, insolent ; hors d’ici !
cassius. — Ne vous fâchez pas, Brutus ; c’est sa manière.
brutus. — J’apprendrai à me faire à ses manières quand il apprendra à choisir son temps. Qu’a-t-on besoin à l’armée de ces sots faiseurs de vers ? Hors d’ici, compagnon.
cassius. — Allons, allons, va-t’en.
brutus. — Lucilius et Titinius, commandez aux chefs
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Imitation de ce vers d’Homère :
Ǎλλἁ πίθεσθ. ἅµφω δἐ νεωτἐρω ἐστὁν ἐμεἵο.
Ce personnage n’était pas un poëte, mais un cynique nommé Marcus Faonius, « qui avait été, par manière de dire, amoureux de Caton en son vivant, et se mêlait de contrefaire le philosophe, non tant avec discours et raison qu’avec une impétuosité et une furieuse et passionnée affection. » Plutarque, Vie de Brutus.