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JULES CÉSAR.

une Rome dangereuse, et non point une Rome où Octave puisse encore trouver la sûreté[1]. Hàte-toi de partir et de lui donner cet avis. — Non, demeure encore : tu ne partiras point que je n’aie porté ce corps sur la place du marché. Là, dans ma harangue, je pressentirai les dispositions du peuple sur le cruel succès de ces hommes de sang, et, selon l’événement, tu rendras compte au jeune Octave de l’état des choses. — Prêtez-moi la main.

(Ils sortent, emportant le corps de. César.)

SCÈNE II

Toujours à Rome. — Le Forum.
Entrent BRUTUS et CASSIUS, et une foule de citoyens.

les citoyens. — Nous voulons qu’on nous rende raison de ce qui a été fait : rendez-nous-en raison.

brutus. — Suivez-moi donc et prêtez l’oreille à mon discours, amis. — Vous, Cassius, passez dans la rue voisine et partageons le peuple entre nous. — Ceux qui voudront m’entendre parler, qu’ils demeurent ici ; que ceux qui veulent écouter Cassius aillent avec lui, et il va être rendu un compte public des motifs de la mort de César.

premier citoyen. — Je veux entendre parler Brutus.

second citoyen. — Je veux entendre Cassius, afin de comparer leurs raisons quand nous les aurons écoutés séparément l’un et l’autre.

(Cassius sort avec une partie du peuple. Brutus monte dans le rostrum.)

troisième citoyen. — Le noble Brutus est monté ; silence.

brutus. — Écoutez patiemment jusqu’à la fin. Romains, compatriotes, amis, entendez-moi dans ma cause, et faites silence pour que vous puissiez entendre. Croyez-

  1. No Rome of safety. Shaksheare a eu probablement ici l’intention de renouveler le jeu de mots entre Rome et room, déjà employé dans la première scène, entre Cassius et Brutus.