Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/479

Cette page n’a pas encore été corrigée

BÉNÉDICK. — Le taureau Jupiter, comte, avait un mugissement agréable ; apparemment que quelque taureau étranger de cette espèce fit sa cour à la vache de votre père, et que de cette belle union il sortit un jeune veau qui vous ressemblait beaucoup, car vous avez précisément son mugissement.

(Antonio rentre avec les dames masquées.)

CLAUDIO. — Je suis votre débiteur. – Mais voici d’autres comptes à régler. – Quelle est la dame dont je dois prendre possession ?

ANTONIO. — La voici, et je vous la donne.

CLAUDIO. — Eh bien ! alors elle est à moi. – Ma belle, laissez-moi voir votre visage.

LÉONATO. — Non, vous ne la verrez point que vous n’ayez accepté sa main en présence de ce religieux, et juré de l’épouser.

CLAUDIO. — Donnez-moi votre main devant ce saint moine. Je suis votre époux, si vous voulez bien de moi.

HÉRO, ôtant son masque. — Lorsque je vivais, je fus votre épouse ; et lorsque vous m’aimiez, vous fûtes mon autre époux.

CLAUDIO. — Une autre Héro !

HÉRO. — Rien n’est plus vrai. Une Héro mourut déshonorée ; mais je vis, et aussi sûr que je vis, je suis vierge.

DON PÈDRE. — Quoi, l’ancienne Héro ! Héro qui est morte !

LÉONATO. — Elle mourut, seigneur, mais tant que vécut son déshonneur.

LE MOINE. — Je puis dissiper tout votre étonnement. Lorsque la sainte cérémonie sera finie, je vous raconterai en détail la mort de la belle Héro : en attendant, familiarisez-vous avec votre surprise, et allons de ce pas à la chapelle.

BÉNÉDICK. — Doucement, doucement, religieux. – Laquelle est Béatrice ?

BÉATRICE. — Je réponds à ce nom. Que désirez-vous ?

BÉNÉDICK. — Ne m’aimez-vous pas ?

BÉATRICE. — Moi ! non, pas plus que de raison.

BÉNÉDICK. — En ce cas, votre oncle, et le prince et