Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
JULES CÉSAR.

pour votre fortune, qui me commande de vous parler ainsi ; et la raison est ici dans l’intérêt de mon affection.

césar. — Que vos terreurs semblent absurdes maintenant, Calphurnia ! J’ai honte d’y avoir cédé. Qu’on me donne ma robe ; je veux aller au sénat. (Entrent Publius, Brutus, Ligarius, Métellus, Casca, Trébonius et Cinna.) — Et voyez, Publius vient ici me chercher.

publius. — Bonjour, César.

césar. — Soyez le bienvenu, Publius. Quoi ! Brutus aussi sorti de si bonne heure ! Bonjour, Casca. Caïus Ligarius, jamais César ne fut autant votre ennemi que cette fièvre qui vous a ainsi maigri. — Quelle heure est-il ?

brutus. — César, huit heures sont sonnées.

césar. — Je vous rends grâce de votre complaisance et de vos soins. (Entre Antoine.) Voyez Antoine. Lui qui se divertit tant que la nuit dure, il n’en est pas moins levé. Bonjour, Antoine.

antoine. — Bonjour à l’illustre César.

césar. — Dites-leur là-dedans de tout préparer. — Je mérite des reproches, pour me faire ainsi attendre. — Voilà maintenant Cinna qui arrive ; voilà Métellus. Ha ! Trébonius, j’ai besoin de causer une heure avec vous : souvenez-vous de venir ici aujourd’hui. Tenez-vous près de moi, de peur que je ne vous oublie.

trébonius. — Je le ferai, César. (À part.) Et je serai si près, que vos meilleurs amis souhaiteront que j’en eusse été plus loin.

césar. — Entrez, mes bons amis, et prenez une coupe de vin avec moi[1] puis nous nous en irons tout à l’heure ensemble comme des amis.

brutus. — Les apparences trompent souvent, ô César, et le cœur de Brutus se serre lorsqu’il y réfléchit.

  1. Taste some wine with me. Voltaire a traduit : Buvons bouteille ensemble, et met en note : Toujours la plus grande fidélité dans la traduction.