DOGBERRY. — En vérité je ne voudrais pas être cause de la pendaison d’un chien, bien moins d’un homme qui possède l’honnêteté.
VERGES. — Si vous entendez un enfant crier dans la nuit[1], vous devez appeler la nourrice et lui commander de le faire taire.
SECOND GARDIEN. — Et si la nourrice est endormie et ne veut pas nous entendre ?
DOGBERRY. — Alors allez-vous en paisiblement et laissez l’enfant l’éveiller lui-même par ses cris ; car la brebis qui n’entend pas son agneau quand il mugit ne répondra pas aux bêlements du veau.
VERGES. — C’est la vérité.
DOGBERRY. — Voilà toute votre consigne. Vous, constable, vous devez représenter la personne du prince. Si vous rencontrez le prince dans la nuit, vous pouvez l’arrêter.
VERGES. — Non, par Notre-Dame ; quant à cela je ne crois pas qu’il le puisse.
DOGBERRY. — Je gage cinq shillings contre un, avec tout homme qui connaît les statues, qu’il peut l’arrêter. Non pas, à la vérité, sans que le prince y consente ; car le guet ne doit offenser personne, et c’est faire offense à un homme que de l’arrêter contre sa volonté.
VERGES. — Par Notre-Dame, je crois que vous avez raison.
DOGBERRY. — Ah ! ah ! ah ! Or çà, bonne nuit, mes maîtres ; s’il survient quelque affaire un peu grave, appelez-moi. Gardez les secrets de vos camarades et les vôtres ; bonne nuit. – Venez, voisin.
SECOND GARDIEN, à ses camarades. — Ainsi, camarades,
- ↑ Voici quelques-uns des statuts du guet ridiculisés ici par Shakspeare
« Personne ne sifflera passé neuf heures du soir.
« Personne n’ira masqué la nuit paasé neuf heures du soir.
« Nul homme à marteau, forgeron, serrurier, ne travaillera passé neuf heures du soir.
« Nul homme ne donnera l’alarme passé neuf heures du soir en battant sa femme, sa servante ou son chien, sous peine de trois shillinga d’amende.