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chaîne, la diablesse la secouera, et nous en épouvantera.

LA COURTISANE.—Je vous en prie, monsieur, ma bague, ou bien la chaîne. J’espère que vous n’avez pas l’intention de m’attrapper ainsi.

ANTIPHOLUS.—Loin d’ici, sorcière ! —Allons, Dromio, partons.

DROMIO.—Fuis l’orgueil, dit le paon ; vous savez cela, madame.

(Antipholus et Dromio sortent.)

LA COURTISANE.—Maintenant il est hors de doute qu’Antipholus est fou ; autrement il ne se fut jamais si mal conduit. Il a à moi une bague qui vaut quarante ducats, et il m’avait promis en retour une chaîne d’or ; et à présent il me refuse l’une et l’autre, ce qui me fait conclure qu’il est devenu fou. Outre cette preuve actuelle de sa démence, je me rappelle les contes extravagants qu’il m’a débités aujourd’hui à dîner, comme quoi il n’a pu rentrer chez lui, comme quoi on lui a fermé la porte ; probablement sa femme, qui connaît ses accès de folie, lui a en effet fermé la porte exprès. Ce que j’ai à faire à présent, c’est de gagner promptement sa maison, et de dire à sa femme, que dans un accès de folie il est entré brusquement chez moi, et m’a enlevé de vive force une bague qu’il m’a emportée. Voilà le parti qui me semble le meilleur à choisir ; car quarante ducats, c’est trop pour les perdre.


Scène IV

La scène se passe dans la rue.

ANTIPHOLUS d’Éphèse ET UN SERGENT.

ANTIPHOLUS.—N’aie aucune inquiétude, je ne me sauverai pas ; je te donnerai, pour caution, avant de te quitter, la somme pour laquelle je suis arrêté. Ma femme est de mauvaise humeur aujourd’hui ; et elle ne voudra pas se fier légèrement au messager, ni croire que j’aie pu être arrêté dans Éphèse : je te dis que cette nouvelle sonnera étrangement à ses oreilles.

(Entre Dromio d’Éphèse, avec un bout de corde à la main.)