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JULES CÉSAR.

caverne assez sombre pour dissimuler ton monstrueux visage ? Conspiration, n’en cherche point : qu’il se cache dans les sourires de l’affabilité ; car si tu marches portant à découvert tes traits naturels, l’Érèbe même n’est pas assez obscur pour te dérober au soupçon.

SCÈNE II

Entrent CASSIUS, CASCA, DÉCIUS, CINNA, MÉTELLUS CIMBER et TRÉBONIUS.

cassius. — Je crains que nous n’ayons trop indiscrètement troublé votre repos. Bonjour, Brutus : sommes-nous importuns ?

brutus. — Je suis levé depuis une heure ; j’ai passé toute la nuit sans dormir. Dites-moi si je connais ceux qui vous accompagnent.

cassius. — Oui, vous les connaissez tous ; et pas un ici qui ne vous honore, pas un qui ne désire que vous ayez de vous-même l’opinion qu’a de vous tout noble Romain. Voici Trébonius.

brutus. — Il est le bienvenu.

cassius. — Celui-ci est Décius Brutus.

brutus. — Il est aussi le bienvenu.

cassius. — Celui-ci est Casca ; celui-là Cinna ; celui-là Métellus Cimber.

brutus. — Tous sont les bienvenus. Quels soucis vigilants sont venus s’interposer entre la nuit et vos paupières[1] ?

cassius. — Pourrai-je dire un mot ?

(Ils se parlent bas.)

décius. — C’est ici l’orient : n’est-ce pas là le jour qui commence à poindre de ce côté ?

casca. — Non.

cinna. — Oh ! pardon, seigneur, c’est le jour ; et ces

  1. Voltaire s’est trompé. Il traduit :

    Les mènent en cesQuels projets importants
    Les mènent en ces lieux entre vous et la nuit ?