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c’est à toi et à ma pauvre patrie à en disposer, et déjà, avant ton arrivée en ce lieu, le vieux Siward, à la tête de dix mille vaillants guerriers réunis sur un même point, allait se mettre en marche pour l’Écosse. Maintenant nous irons ensemble ; et puisse le succès être aussi bon que la querelle que nous soutenons ! —Pourquoi gardes-tu le silence ?

MACDUFF. — Tant d’idées agréables et tant d’idées fâcheuses à la fois ne sont pas aisées à concilier.

(Entre un médecin.)

MALCOLM, à Macduff. — Nous en reparlerons.—Je vous prie, le roi va-t-il paraître ?

LE MÉDECIN. — Oui, seigneur ; il y a là une foule de malheureux qui attendent de lui leur guérison. Leur maladie triomphe des plus puissants moyens de l’art ; mais dès qu’il les touche, telle est la vertu sainte dont le ciel a doué sa main, qu’ils guérissent à l’instant.

MALCOLM. — Je vous remercie, docteur.

(Le médecin sort.)

MACDUFF. — Quelle est la maladie dont il veut parler ?

MALCOLM. — On l’appelle le mal du roi[1] : c’est une œuvre miraculeuse de ce bon prince, et dont j’ai été moi-même souvent témoin depuis mon séjour dans cette cour. Comment il se fait exaucer du ciel, lui seul le sait ; mais le fait est qu’il guérit des gens affligés d’un mal cruel, tout bouffis et couverts d’ulcères, pitoyables à voir, et désespoir de la médecine, en leur suspendant au cou une médaille d’or qu’il accompagne de saintes prières ; et l’on dit qu’il transmettra aux rois ses successeurs ce bienfaisant pouvoir de guérir. Outre cette vertu singulière, il a encore reçu du ciel le don de prophétie ; et les nombreuses bénédictions qui planent sur son trône annoncent assez qu’il est rempli de la grâce de Dieu.

(Entre Rosse.)

MACDUFF. — Voyez : qui vient à nous ?

MALCOLM. — Un de mes compatriotes, mais je ne le reconnais pas encore.

  1. Les écrouelles.