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est trop près de vous atteindre. Que le ciel vous protège ! Je n’ose m’arrêter plus longtemps.

(Il sort.)

LADY MACDUFF. — Où pourrai-je fuir ? Je n’ai point fait de mal : mais je me rappelle maintenant que je suis dans ce monde terrestre, où faire le mal est souvent regardé comme louable, et faire le bien passe quelquefois pour une dangereuse folie. Pourquoi donc, hélas ! présenterais-je cette défense de femme, et dirais-je : Je n’ai point fait de mal ?—(Entrent des assassins.) Quelles sont ces figures ?

UN ASSASSIN. — Où est votre mari ?

LADY MACDUFF. — Pas dans un lieu, j’espère, assez maudit du ciel pour qu’il puisse être trouvé par un homme tel que toi.

L’ASSASSIN. — C’est un traître.

L’ENFANT. — Tu en as menti, vilain, aux poils roux !

L’ASSASSIN, poignardant l’enfant. — Comment, toi qui n’es pas sorti de ta coquille, petit frai de traître !

L’ENFANT. — Il m’a tué, ma mère : sauvez-vous, je vous en prie.

(Il meurt. Lady Macduff sort en criant au meurtre, et poursuivie par les assassins.)


Scène III

En Angleterre.—Un appartement dans le palais du roi.

Entrent MALCOLM ET MACDUFF.

MALCOLM. — Cherchons quelque sombre solitude où nous puissions vider de larmes nos tristes cœurs.

MACDUFF. — Empoignons plutôt l’épée meurtrière, et, en hommes de courage, marchons à grands pas vers notre patrie abattue[1]. Chaque matin se lamentent de nouvelles

  1. :And like goodmen
    Bestride our down fall’n birthdom.
    Les commentateurs ont voulu expliquer par birth right, droit de naissance, le mot de birthdom, qui signifie, je crois, pays