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cette action à l’œil du public, pour beaucoup de raisons importantes.

SECOND ASSASSIN. — Nous exécuterons, mon seigneur, ce que vous nous commanderez.

PREMIER ASSASSIN. — Oui, quand notre vie…

MACBETH. — Votre courage perce dans votre maintien. Dans une heure au plus, je vous indiquerai le lieu où vous devez vous poster. Ayez le plus grand soin d’épier et de choisir le moment convenable, car il faut que cela soit fait ce soir, et à quelque distance du palais ; et rappelez-vous que j’en veux paraître entièrement innocent, et afin qu’il ne reste dans l’ouvrage ni accrocs ni défauts, il faut qu’avec Banquo son fils Fleance qui l’accompagne, et dont l’absence n’est pas moins importante pour moi que celle de son père, subisse les destinées de cette heure de ténèbres. Prenez votre résolution tout seuls. Je vous rejoins dans un moment.

LES ASSASSINS. — Nous sommes décidés, seigneur.

MACBETH. — Je vous ferai rappeler dans un instant. Ne sortez pas de notre palais. (Les assassins sortent.) C’est une affaire conclue.—Banquo, si c’est vers les cieux que ton âme doit prendre son vol, elle les verra ce soir.

(Il sort.)


Scène II

Un autre appartement dans le palais

Entrent LADY MACBETH ET UN DOMESTIQUE.

LADY MACBETH. — Banquo est-il sorti du palais ?

LE DOMESTIQUE. — Oui, madame ; mais il revient ce soir.

LADY MACBETH. — Avertissez le roi que je voudrais, s’il en a le loisir, lui dire quelques mots.

LE DOMESTIQUE. — J’y vais, madame.

(Il sort.)

LADY MACBETH. — On n’a rien gagné, et tout dépensé, quand on a obtenu son désir sans être plus heureux : il vaut mieux être celui que nous détruisons, que de vivre par sa destruction dans une joie troublée. (Macbeth entre.)