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MACBETH, à part.—Le prince de Cumberland ! Voilà un obstacle sur lequel je dois trébucher si je ne saute pardessus, car il se trouve dans mon chemin.—Étoiles, cachez vos feux ; que la lumière ne puisse voir mes profonds et sombres désirs ; l’œil se ferme devant la main. Mais il faut que cela se fasse, ce que mon œil craindra de voir lorsque ce sera fait.

(Il sort.)

DUNCAN. — C’est la vérité, digne Banquo, il est aussi vaillant que vous le dites : je me nourris des éloges qu’on lui donne ; c’est pour moi un festin. Suivons-le tandis que ses soins nous devancent pour nous préparer un bon accueil. C’est un parent sans égal.

(Fanfares.—Ils sortent.)


Scène V

À Inverness.—Un appartement du château de Macbeth.

Entre LADY MACBETH, lisant une lettre.

« Elles sont venues à moi au jour du succès, et j’ai appris par le plus incontestable témoignage qu’en elles résidait une intelligence plus qu’humaine. Lorsque je brûlais de leur faire d’autres questions, elles se sont confondues dans l’air et y ont disparu. J’étais encore éperdu de surprise lorsque des envoyés du roi sont venus me saluer thane de Cawdor. C’était sous ce titre que les sœurs du Destin m’avaient salué en me renvoyant ensuite à l’avenir par ces paroles : Salut, toi qui seras roi. J’ai cru que cela était bon à te faire connaître, chère compagne de ma grandeur : afin que tu ne perdisses pas la part de joie qui t’est due, par ignorance de la grandeur qui t’est promise. Place ceci dans ton cœur. Adieu. »

Tu es thane de Glamis et de Cawdor, et tu seras aussi ce qu’on t’a prédit.—Cependant je crains ta nature, elle est trop pleine du lait des tendresses humaines pour te conduire par le chemin le plus court. Tu voudrais être grand, tu n’es pas sans ambition ; mais tu ne la voudrais