ma droite, j’ai cette oreille dure, et dis-moi franchement ce que tu penses de lui.
casca. — Vous m’avez tiré par mon manteau. Voudriez-vous me parler ?
brutus. — Oui, Casca. Dites-nous, que s’est-il donc passé aujourd’hui, que César ait l’air si triste ?
casca. — Quoi ! vous étiez à sa suite. N’y étiez-vous pas ?
brutus. — Je ne demanderais pas alors à Casca ce qui s’est passé.
casca. — Eh bien ! on lui a offert une couronne ; et quand on la lui a offerte, il l’a repoussée ainsi du revers de la main. Alors tout le peuple a poussé de grands cris.
brutus. — Et la seconde acclamation, quelle en était la cause ?
casca. — Mais c’était encore pour cela.
cassius. — Il y a eu trois acclamations. Pourquoi la dernière ?
casca. — Pourquoi ? pour cela encore.
brutus. — ESt-ce que la couronne lui a été offerte trois fois ?
casca. — Eh ! vraiment oui, et trois fois il l’a repoussée, mais chaque fois plus doucement que la précédente ; et, à chacun de ses refus, mes honnêtes voisins se remettaient à crier.
cassius. — Qui lui offrait la couronne ?
casca. — Qui ? Antoine.
brutus. — Dites-nous de quelle manière l’a-t-il offerte, cher Casca ?
casca. — Que je sois pendu si je puis vous dire la manière. C’était une vraie momerie ; je n’y faisais pas attention. J’ai vu Marc-Antoine lui présenter une couronne : ce n’était pourtant pas non plus tout à fait une couronne ; c’était une espèce de diadème[1] ; et comme je vous l’ai dit, il l’a repoussé une fois. Mais malgré tout cela, j’ai dans l’idée qu’il aurait bien voulu l’avoir. — Alors
- ↑ L’original dit coronet, ce qui signifie, non pas, comme l’a dit