sommeil et les nuits, qui tramaient des complots pour se surprendre l’un l’autre, il ne faut qu’un hasard, l’événement le plus futile, pour les changer en amis tendres et réunir leurs destins. Voilà mon histoire. Je hais le lieu de ma naissance, et tout mon amour est donné à cette ville ennemie.—Entrons, si Aufidius me fait périr, il ne fera que tirer une juste vengeance ; s’il m’accueille en allié, je rendrai service à son pays.
SCÈNE V
premier esclave.—Du vin, du vin. Que fait-on ici ? Je crois que tous nos gens sont endormis.
second esclave.—Où est Cotus ? mon maître le demande. Cotus ?
coriolan.—Une belle maison ! Voici un grand festin ; mais je n’y parais pas en convive.
premier esclave.—Que voulez-vous, l’ami ? D’où êtes-vous ? Il n’y a pas ici de place pour vous : je vous prie, regagnez la porte.
coriolan, à part.—Je ne mérite pas un meilleur accueil, en ma qualité de Coriolan.
second esclave.—D’où êtes-vous l’ami ? —Le portier a-t-il les yeux dans la tête pour laisser entrer de pareilles gens ! Je vous prie, l’ami, sortez.
coriolan.—Que je sorte, moi !
second esclave.—Oui, vous ; allons, sortez.
coriolan.—Tu me deviens importun.
second esclave.—Oh ! êtes—vous si brave ?… En ce cas, je vais vous donner à qui parler.
troisième esclave, au premier.—Quel est cet inconnu ?