sicinius.—Que dites-vous ? N’avons-nous pas déjà l’échantillon de son obéissance ? Nos édiles maltraités, nous-mêmes repoussés ! —Allons.
ménénius.—Faites attention à une chose : il a toujours vécu dans les camps depuis qu’il a pu tirer l’épée, et il est mal instruit à manier un langage raffiné. Son ou farine, il mêle tout sans distinction. Si vous voulez le permettre, j’irai le trouver, et je me charge de l’amener à la place publique, où il faudra qu’il se justifie suivant les formes légales, et dans une discussion paisible, au péril de ses jours.
premier sénateur.—Nobles tribuns, cette voie est la plus raisonnable : l’autre coûterait trop de sang, et on ne pourrait en prévoir le résultat définitif.
sicinius.—Eh bien ! noble Ménénius, soyez donc ici l’officier du peuple. Concitoyens, mettez bas vos armes.
brutus.—Ne rentrez pas encore dans vos maisons.
sicinius, à Ménénius.—Venez nous trouver à la place publique : nous vous y attendrons ; et si vous n’amenez pas Marcius, nous en reviendrons à notre premier projet.
ménénius.—Je l’amènerai devant vous. (Aux sénateurs.) Daignez m’accompagner : il faut qu’il vienne, ou les plus grands malheurs s’ensuivraient.
premier sénateur.—Permettez-nous d’aller le trouver avec vous.
SCÈNE II
coriolan.—Quand ils renverseraient tout autour de moi, quand ils me présenteraient la mort sur la roue, ou à la queue de chevaux indomptés ; quand ils entasseraient dix collines encore sur la roche Tarpéienne, afin que l’œil ne pût atteindre de la cime la profondeur du précipice, non, je ne changerais pas de conduite avec eux.
un patricien.—Vous prenez le parti le plus noble.