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ci s’était engagé auparavant avec lady Lucy ; et votre mère peut servir de témoin à son engagement. Ensuite il s’est fiancé par ambassadeur à la princesse Bonne, sœur du roi de France. Ces deux épouses mises à l’écart, il s’est présenté une pauvre suppliante, une mère accablée des soins d’une nombreuse famille, une veuve dans la détresse, qui, bien que sur le déclin de sa beauté, a conquis et charmé l’œil lascif d’Édouard, et l’a fait tomber de la hauteur et de l’élévation de ses premières pensées, dans le honteux abaissement d’une dégoûtante et vile bigamie : c’est de cette veuve, et dans sa couche illégitime, qu’il a engendré cet Édouard, que, par courtoisie, nous appelons le prince. Je pourrais m’en plaindre ici en termes plus amers, si, retenu par les égards que je dois à certaine personne vivante, je n’imposais à ma langue une prudente circonspection. Ainsi, mon bon seigneur, prenez pour votre royale personne cette dignité qui vous est offerte ; si ce n’est pour nous rendre heureux, et avec nous tout le pays, que ce soit du moins pour retirer votre noble race de la corruption que lui ont fait contracter les abus du temps, et pour la rendre à son cours direct et légitime.

Le Maire. ― Acceptez, mon bon seigneur : vos citoyens de la ville de Londres vous en conjurent.

Buckingham. ― Ne refusez pas, puissant prince, l’offre de notre amour.

Catesby. ― Oh ! rendez-les heureux, en souscrivant à leur juste requête !

Glocester. ― Hélas ! pourquoi voulez-vous m’accabler de ce fardeau d’inquiétudes ? Je ne suis pas fait pour les grandeurs et la majesté d’un trône.― Je vous en prie, ne le prenez pas en mauvaise part, mais je ne puis ni ne veux céder à vos désirs.

Buckingham. ― Si vous vous obstinez à le refuser, si